Si c’est un homme, Primo Levi – 1988 – Ed. Pocket, 214 p.
Si c’est un homme, c’est un classique, un témoignage unique d’un des évènements les plus bouleversants qui ont frappé notre globe terrestre. La déportation et l’assassinat en masse de nombreux juifs, ce crime contre l’humanité, est encore bien proche de notre époque. Pas même cent ans qu’Hitler a pris le pouvoir en Allemagne, pas même cent ans que sa folie a entraîné notre monde dans un chaos sans précédent. Primo Levi, c’est un témoin, une victime du camp d’Auschwitz. Et c’est avec un incroyable détachement qu’il nous raconte, peu de temps après sa libération, les conditions innommables dans lesquelles il a dû survivre.
Résumé
Février 1944. Primo Levi, citoyen italien d’origine juive, est déporté dans le camp d’Auschwitz. C’est dans des conditions d’une atroce inhumanité qu’il va tenter de survivre. Survivre pour raconter la terreur, l’horreur de ce camp. Des hommes, des femmes, des enfants, réduits à des comportements animaux. Une haine, une violence contre les juifs. Des attitudes qui dépassent l’entendement.
Mon avis sur l’œuvre
Je souhaitais lire Si c’est un homme. J’ai toujours été intéressée par les guerres, non parce que j’aime la souffrance, mais simplement parce que je considère essentiel d’être trainée dans ces évènements qui nous soulèvent la nausée afin d’apprendre des erreurs commises (je suis désolée de ce terme si faible comparé à la proportion de l’atrocité des évènements. Erreurs, je n’ai rien trouvé de mieux. Mais au fond de moi, je le crie, ce mot “erreur”). Ce livre nous permet de le faire.
Primo Levi ne joue pas sur les émotions. Il ne cherche pas à nous tordre l’estomac (même si, disons-nous le bien, il n’en a pas vraiment besoin). Je n’ai pas eu envie de pleurer comme devant La vie est belle ! Mais l’émotion, le frisson, la tristesse, la colère. Tout était là. L’écrivain souhaite nous donner une vision des plus réalistes des évènements. Il prend un recul assez incroyable, auquel je ne m’attendais pas.
L’horreur de ces camps, chaque livre qui en traite nous apprend de nouvelles choses. A chaque chapitre, nous nous demandons quelle terreur leur tombera dessus. Ces hommes, obligés de vivre et dormir dans la saleté, n’ont plus aucune dignité. Et après tout, pas besoin de dignité. Ils peuvent mourir du jour au lendemain. C’est la guerre entre chaque prisonnier. Gare à celui qui laisse trainer ne serait-ce que sa cuillère, au risque de se la faire voler. Des juifs, mais pas seulement. Des criminels aussi, des politiciens, des homosexuels.
C’est une souffrance morale et physique qu’ils subissent. L’épuisement les achèvent à petit feu. Le travail imposé est un enfer dans leurs conditions de survie. Le peu de nourriture auquel ils ont droit est un acte de barbarie après le labeur qu’ils ont dû produire pour ne pas être tué par les nazis.
L’hiver est rude, le froid en tue plus d’un. L’arrivée du printemps apaise les esprits. Du moins ce qu’il en reste. Les Hommes deviennent des robots, incapables de penser à demain, se refusant la nostalgie de leur vie passée.
L’écrivain survivra grâce, notamment, à la mise en place d’un laboratoire au sein du camp dans lequel il a été engagé. Coup de chance pour ce chimiste. Cet emploi fut sa porte de sortie, sa porte de protection pour tenir le coup.
Conclusion
Ce livre est d’une rare puissance. Victime du camp, Levi nous dévoile dans cet ouvrage un récit qui se veut fiable face aux tortures qu’il a subies. Ce sera sans haine envers les nazis qu’il décrira au mieux de ses souvenirs les atroces souffrances tant physiques que morales qu’il a supportées. Un témoignage puissant sur le courage sans égal d’un homme (parmi tant d’autres) terriblement discriminé.