La figlia della libertà, Luca di Fulvio – 2019 – Ed. Rizzoli, 634 p.
20-38 Enfin. Ça a été long, ce mois consacré à l’Italie. Un mois, c’est le temps que j’ai mis pour terminer ce pavé, une lecture complète en V.O. italien. Et je dois l’admettre, je suis assez fière d’être allé au bout. C’était un défi que je m’étais confiée, un livre offert par une copine : j’étais obligée de le lire, d’aller au bout. Lire en V.O. une langue que je comprends plutôt bien, mais que je ne parle pas, m’a permise de me surpasser et d’aller au-delà de ce que je pensais être mes capacités. J’ai voulu laisser tomber, quelque fois. Les pages n’avançaient pas assez vite, la lecture n’était parfois peut-être pas ce dont j’avais besoin. Mais je n’ai pas lâché, je l’ai terminé. Luca di Fulvio, connu en France pour son roman Le gang des rêves, est revenu en 2019 avec La figlia della libertà. A travers cette histoire d’aventure, nous accompagnons le parcours de trois protagonistes qui vont se battre pour la liberté. A la fois leur propre liberté, mais également la liberté de la femme, le pantin du sexe masculin. Ils sont trois. Rocco, un Sicilien descendant d’une famille de mafieux et incapable d’en sortir ; Rosetta, une bourgeoise orpheline harcelée et violentée par les habitants de son village ; Raechel, une juive russe dont la famille a été détruite par un des nombreux massacres de juifs. Tous sont contraints de partir pour fuir une situation qu’ils ne peuvent plus supporter. Ils se retrouvent à Buenos Aires, où leurs chemins se croiseront. Pour une vie meilleure ? Pas vraiment… Rocco est un jeune homme Sicilien qui n’a pas hérité de la nature meurtrière de son père. Pourtant, protégé par la mafia lors du décès de son géniteur, il se retrouve quelques années plus tard piégé par cette famille mafieuse. Alors qu’il tente la rébellion, et qu’il souhaite faire comprendre qu’il veut juste devenir mécanicien, il se retrouve face à la colère de Don Mimi. Alors que ce dernier devait une dernière dette au défunt père de Rocco, il décide de lui épargner la vie mais l’oblige à partir retrouver son neveu à Buenos Aires. Sa seule chance de rester en vie. Comprenant qu’il est piégé, que sa vie a été épargnée de peu, il part à grands regrets et se retrouve après un long voyage, à Buenos Aires. Raechel est une adolescente Russe. Issue d’une famille juive, elle en a vu les membres mourir un à un. Alors qu’à la synagogue un mot mystérieux encourage les jeunes filles à partir rejoindre un groupe qui partira pour Buenos Aires, elle décide qu’elle veut rejoindre cette nouvelle vie. Peut-être encourageant, synonyme de nouveau départ, Raechel va rapidement comprendre que ce nouveau départ va être loin de ses espérances. Elle y rejoint plusieurs filles, dont Tamar qui restera une de ses plus fidèles amies, et elles se retrouvent sous l’autorité d’Amos. Rapidement, elles comprendront qu’elles ne seront que des marionnettes. Destinées à être envoyées dans le bordel d’Amos, leur vie commence à être un enfer pendant leur voyage en mer. Des violences physiques, des viols à répétition… Ces jeunes filles sont enfermées en cage. Ici, être belle est le plus grand des handicaps. La terreur les saisit et ne les lâchera plus. Rosetta est une jeune italienne qui souhaitait défendre ses terres après la mort de son père. Une fille qui est au pouvoir n’a pas beaucoup de crédibilité en ce début du XXème siècle. Les villageois commencent à se rebeller, et se révoltent sur Rosetta. Perdue, sans protection, elle se retrouve sauvagement agressée et violée dans sa propre demeure. Alors qu’elle décide de ne pas se laisser abattre par le choc, elle affronte le père des sauvages l’ayant agressée. Le Baron lui rit au nez, et développe pour elle un répugnant fanatisme sexuel. Elle s’échappe de justesse lorsque Le Baron essaie de la violer. En fuite, aidée par celui qui sera son seul allié sur le territoire italien, c’est ainsi que débute une terrifiante course poursuite. Rosetta et Rocco se rencontrent rapidement. Alors que Raechel reste pendant longtemps une inconnue aux yeux des deux premiers personnages, eux se rencontrent pendant leur voyage à destination de Buenos Aires. Alors que Rosetta, cette jeune femme seule et non accompagnée, est embêtée par des hommes, Rocco arrive pour la protéger. Ils partageront à deux ce voyage désagréable. A son arrivée à Buenos Aires, Rosetta est rapidement rattrapée par ses démons. Le Baron a contacté le consulat et la police l’attend pour l’attraper. Rocco prend la décision de la protéger, met sa vie en danger et met tout en œuvre pour l’aider à s’échapper. Le prix de ce choix : ils sont séparés. Séparés, mais ils se sont promis de se retrouver. Alors qu’ils n’étaient que des inconnus l’un de l’autre il y a encore quelques temps, ils garderont toujours à l’esprit l’existence de cet autre. Dans la difficulté, la pauvreté, la peur, ils vont se vouer pendant tout le roman à la recherche de l’autre. Et cet objectif va les porter dans les épreuves les plus douloureuses. Je pourrais parler pendant bien longtemps de cette histoire. Le roman est dense, les chapitres s’enchaînent, les souffrances des personnages s’accumulent. J’essaie de ne pas en dévoiler plus que nécessaire ! Pour essayer de résumer, di Fulvio nous propose ici un livre puissant qui traite du dévouement, de la loyauté, de l’amour, de la liberté, de la privation des droits, de la terreur, du désespoir, de la violence. Rosetta et Raechel sont des femmes extrêmement fortes. Victimes des violences physiques et morales faites par les hommes, considérées comme les esclaves d’un monde dominé par le sexe masculin, elles vont se battre pour essayer à leur niveau d’ouvrir aux femmes un droit à la parole. Ce droit, pour leur permettre d’exprimer à voix haute ce qu’elles subissent et qu’elles essaient de s’en libérer. Rocco joue également un rôle essentiel dans cette bataille. Tout d’abord il sauve Rosetta de son bourreau, mais lorsqu’il découvre le stratagème de Raechel (que je ne dévoilerai pas !) il rit et est bluffé de la force qui habite cette jeune fille. Luca di Fulvio est un écrivain talentueux. Son roman, rempli de péripéties nombreuses, titille sans cesse nos sentiments. La fierté, l’amour, la terreur, la haine, le désespoir, la tristesse… Nous sommes secoués dans tous les sens et nous vivons les émotions des protagonistes. Néanmoins, si j’avais un point négatif à souligner et qui m’a beaucoup dérangée, ce sont les scènes de violence. Il est très important de souligner le monde désastreux dans lequel vivaient les personnages pour comprendre leur bataille. Nous ne pouvons pas être touchés par leur destin si nous ne ressentons pas leur colère. Mais je dois dire que les scènes de violence et surtout de viol, très nombreuses, ont fini par me déranger. Chaque page que je tournais j’étais inquiète de la prochaine agression qui allait être décrite, et j’ai perdu un peu de mon plaisir d’ouvrir le livre, remplacé par une inquiétude d’avancer dans l’histoire. J’ai failli abandonner à cause de ça, car j’ai senti que certaines scènes n’avaient pas vraiment d’importance, et étaient plutôt de la violence un peu gratuite. Alors dans un monde qui évolue avec des fans de Game of Thrones, je pense que ça fonctionne très bien. Mais pour ma part, le sadisme m’est difficilement supportable. C’est sûrement le seul point négatif que j’ai à souligner, car l’histoire est super, très intéressante, et surtout puissante. Luca di Fulvio est un écrivain italien qui fait parler de lui depuis plusieurs années maintenant. Son dernier roman, La figlia della libertà, retrace l’histoire émouvante de trois personnages qui vont se battre pour leurs propres droits et pour la liberté de la femme. Nous voyageons avec ces personnages qui cherchent à fuir leurs démons, quel qu’en soit le prix. Une histoire assez violente, que je ne recommande pas forcément aux âmes sensibles. Mais une histoire malgré tout passionnante, avec des personnages inspirants, qui vous fera ressentir une longue palette de sentiments !
Résumé
Rocco, prisonnier de la mafia
Raechel, prisonnière de ses droits
Rosetta, prisonnière d’un fanatique
Rosetta et Rocco : un dévouement amoureux
Mon avis sur l’œuvre
Les forces du roman
La petite faiblesse du roman
Conclusion