Chagrin d’école, Daniel Pennac – 2007 – Ed. Folio, 298 p.
22-01
2021 a été une mauvaise année pour mon blog. J’ai été dissipée et je n’ai pas sérieusement tenu le rythme de mes articles. La course à la lecture que nous impose inconsciemment nos blogs littéraires m’a coupée de la nécessité de lire par amour de la littérature et de rédiger par plaisir de transmettre aux intéressés mon avis sur mes lectures. Alors pour 2022, je me mets au défi de ne pas perdre le cap de ces valeurs qui me sont chères. Quant à vous, lecteurs, je vous souhaite pour 2022 de belles découvertes littéraires, la poursuite de vos rêves et passions, de la santé et surtout la jouissance d’une liberté qu’on espère bientôt retrouver.
J’ai commencé mon année par un merveilleux roman de Daniel Pennac. Prix Renaudot en 2007, Chagrin d’école nous plonge dans notre passé (ou présent) d’écolier et d’étudiant. Daniel Pennac appartenait à la « honteuse » catégorie du cancre, il est néanmoins devenu professeur et s’est donné pour mission d’accompagner les élèves perdus. Un splendide roman dans lequel tout (ancien) élève se reconnaîtra…
Résumé
Daniel Pennac, de son vrai nom Penacchioni, n’a jamais été l’étudiant modèle. Incapable de retenir ses leçons, facilement distrait, il enchaîne les mauvaises notes. Il souhaite plaire aux professeurs comme tout mauvais élève et se cache derrière son inaptitude à rentrer dans les exigences de l’Education Nationale. Alors que ses parents sont convaincus que la vie de cet enfant sera fichue, il combat sont destin maudit et devient professeur de français. Il nous raconte les anecdotes dont sa profession l’a nourri.
Le meilleur professeur est celui qui s’intéresse aux élèves en difficulté
Lorsqu’un cancre devient professeur, le résultat est assez foudroyant. Alors que les exigences des professeurs sont très hautes, les élèves ne suivent pas toujours. Non par manque de volonté, mais simplement par une difficulté qu’ils connaissent tous : celle de ne rien comprendre. Ne rien comprendre de ce qui est expliqué, l’envie de répondre pour satisfaire aux demandes du professeur et dire ainsi une ânerie.
Le professeur qui connaît ce sentiment, c’est Daniel Pennac. Face à lui, ses élèves qui lui rappellent lorsqu’il était à leur place. Des élèves parfois perdus, qui grandissent dans un environnement non favorable à l’éducation, qui ne sont pas toujours bien accompagnés. Pennac s’en souvient et met à profit de ses élèves ses nombreuses années d’errance scolaire.
Un professeur dédié mais non infaillible
Le cancre qu’il fut ne cesse de traîner dans sa tête et de lui rappeler ses échecs. A la fois en tant qu’élève mais également en tant que professeur. Car être un ancien cancre ne suffit pas toujours à sauver de l’incompréhension tous les enfants.
Daniel Pennac se souvient de ces étudiants qu’il a perdu en plein cours car n’ayant pas réussi à capter leur attention, ceux pour qui les préoccupations du professeur n’ont pas été suffisantes pour les sauver de leur spirale infernale. Ce Maximilien, qui n’était pas un de ses étudiants mais à qui il a refusé de l’aide car il lui avait manqué de respect quelques minutes plus tôt. Aucun professeur n’est infaillible, et cette capacité d’auto-critique valorise encore plus ce professeur qui est dévoué à sa profession.
Mon avis sur l’œuvre
Daniel Pennac m’a beaucoup émue dans ce roman autobiographique. En effet, cet enfant perdu qu’il décrit m’a rappelé ma propre enfance (et mes difficiles années en baccalauréat où je tentais désespérément de comprendre ce qu’on me racontait !). C’est la force de son roman : il développe tant d’analyses sur les enfants à l’école qu’il touche chacun d’entre nous. Du cancre à l’élève modèle, nous avons tous une image à laquelle nous identifier. Un passage qui nous émeut, qui nous rappelle des moments plus ou moins difficiles de nos années d’école.
L’écrivain développe ici son analyse de l’éducation, ses failles mais également sa beauté, la passion de la transmission, la nécessité de prendre par la main (tous) les élèves pour les guider vers la fierté de la connaissance, leur faire découvrir par le jeu la puissance de la mémoire…
A travers ce professeur qui semble parfait j’ai aussi retrouvé certains de mes enseignants. De ceux qui n’ont pas cru en moi (comme en ont connu énormément d’entre nous), je retrouve l’image d’une certaine professeure de français captivante, un autre (de français toujours, étrange quand on y pense, moi qui me pensais portée vers les mathématiques) qui m’a rappelée à la littérature et qui a attisé en moi l’amour des écrits de Céline, une professeure de mathématiques qui croyait en mon passage en première scientifique et qui m’a (difficilement) accompagnée pour atteindre cet objectif.
Alors, à tous ces professeurs qui ont su changer notre scolarité, à tous ceux qui ont cru en nous, à tous ceux qui ont eu la patience de nous aider à atteindre nos rêves.
Et à tous ces professeurs qui ont détruit des enfances, qui ont brisé des rêves par manque de volonté dans leur accompagnement, à tous ceux qui ont failli en détruire… A tous ceux qui devraient lire ce roman pour se nourrir de la sagesse d’un bon professeur.
Conclusion
A travers ce roman autobiographique, Daniel Pennac nous raconte son passé de cancre et comment il s’est nourri de ces années difficiles pour devenir un professeur. Un roman passionnant qui trace le portrait de nombreux de ses élèves, tous différents, auxquels chacun d’entre nous peut s’identifier. Un retour dans le passé pour nous lecteurs qui retrouvons les bancs d’école le temps de trois cents pages…