Au bonheur des ogres, Daniel Pennac – 1985 – Ed. Folio, 287 p.
20-26
J’ai acheté Au bonheur des ogres sous le conseil de ma mère qui m’a dit « tu vas voir c’est génial ». Et puis récemment j’ai écouté une émission podcast de La Grande Librairie dans laquelle l’écrivain était invité. Et j’ai bien ri ! C’est un personnage bien singulier, Pennac. Il a beaucoup d’humour, tant dans ses livres que lorsqu’il s’exprime en public. J’apprécie son style et je me suis donc lancée dans la lecture de cette œuvre qui date d’il y a plus de quinze maintenant, et qui a été un vrai plaisir de lecture. Nous y rencontrons Benjamin Malaussène, un homme peu chanceux, au destin particulier, accusé de crimes et délits qu’il n’a pas commis.
Résumé
Benjamin Malaussène est « frère de famille ». Seul, fils d’une mère qui a déserté, il s’occupe de ses nombreux frères et sœurs. Accompagné de son chien et fidèle compagnon, Julius, cet homme mène une vie loin d’être tranquille. Bouc Emissaire dans une boutique de centre commercial, il va être accusé de faire exploser des bombes dans le magasin, entraînant la mort d’individus. Ben, autour de qui les bombes tombent, sera rapidement surveillé par la police…
Frère de famille, son premier métier
Malaussène n’a pas vraiment de chance. En effet sa mère est partie et il s’occupe seul de ses frères et sœurs. Il leur conte des histoires, inspirées d’évènements de sa vie quotidienne, qui sont tapées à la machine par sa sœur. Il faut dire que sa famille n’est pas un cadeau.
Entre le Petit (petit dernier de la famille), Clara (la favorite, la photographe, tant aimée que parfois ça tend vers l’inceste), Thérèse (la jeune sœur qui a un grain et qui lit l’avenir à travers les cartes et les astres), Louna (la sœur majeure, enceinte de Laurent son mec médecin qui ne veut pas d’enfants) et Jérémy (le collégien discret qui va se retrouver en plein milieu de cette histoire de bombes), Malaussène n’est pas bien aidé.
Pourtant, ses frères et sœurs sont sa famille. Aussi déjantés soient-ils, un lien indéfectible les unit. Et puis, il y a aussi Julius. Julius le chien fidèle de Malaussène, son compagnon, celui dont la santé va se détériorer et va entraîner des coups de panique dans la famille, celui dont le rétablissement sera le plus beau cadeau du ciel.
Bouc Emissaire, son second métier
Malaussène travaille dans une boutique du centre commercial. Son embauche est récente, et son emploi est bien particulier. Il est Bouc Emissaire. En quoi est-ce que cela consiste ? A faire gagner beaucoup d’argent à la boutique. Bouc Emissaire, c’est-à-dire qu’il est officiellement nommé « Contrôle technique », mais en réalité, sa mission est tout autre.
Chaque fois qu’un client vient se plaindre en boutique, Malaussène est appelé par la direction à venir immédiatement. Humilié, accusé d’incompétence, tout y va pour faire monter la culpabilité du client. Malaussène pleure, se confond en excuse, et ce cirque continue jusqu’à ce que le client retire sa plainte par pitié pour cet employé maltraité.
Cet emploi va jouer des tours à Malaussène. Alors que les bombes commencent à tomber dans la boutique, les entretiens de la police débutent. Lorsque Malaussène leur avoue la vraie vocation de son travail, il devient le coupable parfait. Le salarié humilié à longueur de journée qui pourrait vouloir se venger. Suspecté alors qu’il n’a rien fait, il va se retrouver malgré lui au milieu de cette affaire judiciaire.
La course contre le criminel
Malaussène se retrouve à chercher celui qui dépose les bombes et le fait accuser (délibérément ?) Lorsque sa petite famille s’en mêle directement ou non, les indices apparaissent. Théo, le collègue du magasin, qui protège les petits vieux voleurs du magasin, découvre une photo très étrange qui lie les évènements. C’est ici que débute les recherches.
Alors que chaque frère et sœur se retrouve lié aux explosions, Malaussène est à deux doigts d’être accusé de criminel. Il part donc à la recherche de celui qui essaie de faire reposer sur ses épaules les explosions. La police est claire, il ne reste plus beaucoup de temps avant qu’il ne soit officiellement accusé.
Mon avis sur l’œuvre
C’est une enquête pleine d’humour que nous livre Pennac. Le destin complètement hors du commun de Malaussène est tordant de rire et complètement déjanté. Un homme vraiment bizarre, à côté de la plaque, mais attentif, attendrissant, un grand enfant soumis à de trop nombreuses responsabilités.
Pennac est vraiment très drôle, mais son écriture n’est pas évidente. Les idées partent dans tous les sens et ne nous laissent pas le droit de nous déconcentrer. C’est ce que j’aime, réfléchir, entrer dans une réflexion barrée et hors du commun. Pennac est un très bon exercice, et attention à ne pas tout prendre au premier degré (mon grand problème) au risque de passer parfois à côté de ses idées.
J’ai été séduite par cet écrivain qui donne une bouffée d’air frais, qui traite d’une histoire franchement pas joyeuse mais qui pourtant arrive à nous faire rire à gorge déployée. Ce maniement des mots, de la langue française, des pensées est un bijou de lecture. Un écrivain qui nous fait réfléchir, qui pousse l’imaginaire au-delà de ce que je pensais possible. Je suis bien contente d’avoir déjà acheté son dernier livre.
Conclusion
Je trouve que Pennac est un écrivain très original, extrêmement drôle, qui dessine (du moins dans cette oeuvre) des personnages aux caractères bien différents, exagérés et attachants. J’adore l’emploi qu’il fait de la langue est merveilleux, il nous plonge dans la pensée la plus intime de son personnage (et pourtant, nous ne sommes pas vraiment certains de pouvoir le cerner).
J’ai adoré cette lecture, ce style littéraire, cette imagination. C’est un plaisir de découvrir des auteurs qui nous marquent, et celui-ci en est un.