La Disparition de Josef Mengele, Olivier Guez – 2017 – Ed. Le Livre de Poche, 244 p.
20-14
Me revoici plongée dans l’univers de la Seconde Guerre mondiale avec cet ouvrage d’Olivier Guez. Cet écrivain et journaliste français a notamment obtenu le Prix Renaudot pour cette biographie. Après trois années de recherche, Olivier Guez nous présente son travail. Josef Mengele est une figure importante de l’atrocité du IIIe Reich. Voici donc son histoire…
Résumé
En 1949, quelques années après la libération du camp de concentration d’Auschwitz, Josef Mengele s’exile à Buenos Aires. Il s’y réfugie et tente tant bien que mal de reconstruire sa vie, loin des atrocités qu’il a fait subir aux milliers, millions de juifs qui ont croisé son chemin. Sous le nom de Gregor, il s’y installe et retrouve de nombreux exilés nazis. Ici commence l’histoire d’une longue course poursuite contre l’Ange de la mort…
Josef Mengele : L’Ange de la mort
Josef Mengele est surnommé l’Ange de la mort à Auschwitz. Médecin dans le camp, il décide en effet du sort des passagers amenés par transport ferroviaire. Les juifs, les homosexuels, les handicapés… Avec un bonheur répugnant, il décide qui ira où. Malheureusement il désigne souvent de son bras la gauche, la file qui sera immédiatement menée dans les fours crématoires.
Et puis parfois, il sélectionne certains individus. En effet, Josef Mengele est un médecin du camp et il effectue des expérimentations toutes plus glaçantes les unes que les autres sur ceux qu’il a désignés. Avec la volonté de démontrer la supériorité de la race aryenne et de la développer, il tuera, charcutera, soumettra aux pires essais médicaux les corps affaiblis, parfois malades, de ses victimes.
Accompagné de plus de trois cents autres scientifiques, ces expérimentations s’effectuent comme un devoir patriotique. Ces hommes, complètement fous, ont réalisé leur « devoir » envers la nation : stérilisation par irradiation aux rayons X ou par injection de substance à base de formol, implantation de fœtus animaux, transmission du typhus à des patients sains, injection d’hormones aux homosexuels… Des atrocités sans nom.
Malgré tout ce qui a été effectué pendant sa vie dans les camps, Josef Mengele pense et souhaite pouvoir s’en sortir. Pourtant, cet homme dont le nom est cité à de nombreuses reprises dans les procès de Nuremberg, reste une cible importante bien cachée qu’il faut retrouver.
Une nouvelle vie à Buenos Aires
Alors que la situation contre les nazis s’échauffe en 1949, Josef Mengele décide de se protéger en s’exilant à Buenos Aires, et ceci est sûrement la meilleure décision qu’il a prise. Nombreux sont les nazis qui y sont réfugiés. Car en Argentine, Perón règne en maître sur son pays et accueille presque à bras ouverts les nazis.
Josef Mengele y retrouve donc plusieurs des grandes têtes du IIIe Reich, dont Adolf Eichmann, responsable de la logistique de la « solution finale ». Ils se détestent, mais un certain respect les lie. Ils se retrouvent à de nombreuses reprises dans des soirées où tous les nazis exilés sont réunis. Ils vivent tranquillement et attendent l’arrivée de la Troisième Guerre, qu’ils considèrent comme imminente.
Josef Mengele ne s’en sort pas trop mal compte tenu de sa situation, pour le moment il ne subit pas de mandat d’arrêt contre sa personne, il est à Buenos Aires où le gouvernement les accueille, il est entouré de personnes qui lui ressemblent et partagent les mêmes idées.
Après un divorce avec sa femme, un remariage avec sa belle-sœur, il tente de revenir en Allemagne mais la situation est trop risquée, trop de personnes sont susceptibles de le reconnaître. Il se retrouve à quitter le pays après un accrochage avec une automobiliste qui porte plainte contre lui, la situation s’enflamme et il retourne en Amérique du Sud où il s’isolera dans une ferme éloignée de la ville et du passage de la population.
La traque du Mossad
Le Mossad est une des agences de renseignement d’Israël. Après la Seconde Guerre mondiale, il a été l’heureux responsable de la capture d’Adolf Eichmann. Il a mis en place des actions de surveillance et de traque d’une partie du réseau nazi. La deuxième mission légendaire qu’il devait accomplir était la capture de Josef Mengele.
Si près du but, nous haletions avec Bauer, agent du Mossad, qui devait s’abattre sur Mengele. Il l’avait repéré dans la ferme où il résidait et devait l’identifier avant de l’arrêter. Mais subitement une mission d’urgence capitale est venue en première ligne des agents du Mossad et a ralenti la mission de six mois. Mengele avait déménagé… L’arrestation de Mengele passe au second plan, le laissant libre de ses mouvements.
Mon avis sur l’œuvre
Il est difficile de raconter cette passionnante traque sans en divulguer une part trop importante. Néanmoins, j’ai adoré cette biographie. Terriblement bien rédigé par Olivier Guez, cet écrit plutôt court a fait l’objet de trois années de recherche. Les détails, le suivi du parcours de ce criminel sont passionnants.
Aucune page n’est écrite pour ne rien dire. L’écrivain privilégie des chapitres courts plutôt que de nous bassiner avec du bla-bla inutile. C’est un incroyable récit que nous avons ici et qui fait froid dans le dos. Alors que nous rencontrons les atrocités d’un homme qui a été puissant au sein des camps, qui a été l’objet des pires cauchemars de ses victimes, nous l’observons perdre petit à petit sa force, son corps qui le quitte, le lâche, qui devient faible. Nous souhaiterions l’écraser !
De plus, ce qui fait froid dans le dos, c’est d’observer la naïveté de cet homme et de ses amis, ceux qui le protègent. Ces nazis se montent la tête et se considèrent comme des héros de la nation allemande. Nous les voyons satisfaits de leur travail, de ce qu’ils ont fait subir aux juifs, convaincus que cette « race » est mauvaise et cherche à détruire les nations nordiques.
Cette histoire est difficile. Tout d’abord car elle est biographique, elle n’est pas une fiction (sauf peut-être quelques parties pour plonger le lecteur dans le décor). Les atrocités de la Seconde Guerre mondiale sont tellement nombreuses, nous en apprenons un peu plus à chaque lecture…
Conclusion
Olivier Guez m’a totalement transportée. Outre le fait que le récit est biographique, l’écrivain écrit merveilleusement bien et nous offre le fruit de son travail long et rigoureux qu’il a mis trois ans à finaliser. J’ai complètement adoré, je suis tombée sous le charme et j’attends la fin du confinement pour aller acheter d’autres de ses écrits ou essais.