La Disparition de Stephanie Mailer, Joël Dicker – 2018 – Ed. De Fallois Poche, 834 p.
20-18
Depuis le début du confinement, mes lectures ont été dictées par des « obligations ». J’ai donc enchaîné plusieurs lectures qui ne me correspondaient pas vraiment sur le moment. Tout d’abord, j’ai reçu en retard les deux derniers titres du Prix du Meilleur Roman des Editions Point qu’il a fallu que je lise rapidement (le vote était prévu pour mi-avril). Ensuite, j’ai généreusement reçu l’œuvre d’Olivier Sorin pour que je me fasse un avis sur son premier roman. J’ai adoré participer à ces expériences !
Néanmoins, avec le confinement, j’avais besoin d’évasion, de frémir, de me replonger dans une lecture qui m’obsède et m’emporte. Quoi de mieux qu’un roman de Dicker ?
En attendant avec impatience la sortie de son dernier livre le 30 juin prochain (sortie française), je me suis plongée (et c’est bien le cas de le dire) dans la lecture de La Disparition de Stephanie Mailer. Nous y avons retrouvé Anna, Derek et Jesse qui sont lancés dans l’enquête de la disparition de quatre individus durant l’été 1994. Une enquête bouclée par la police, mais pour laquelle l’homme incriminé semblerait ne pas être le bon.
Résumé
Jesse va quitter son job de policier à la brigade criminelle dans une semaine afin de poursuivre un projet personnel. Pourtant, avant son départ, il est intercepté par Stephanie Mailer, une journaliste, qui lui annonce que l’affaire sur laquelle il a enquêté il y a vingt ans a mal été résolue. L’homme incriminé, Ted Tennenbaum, ne serait pas le réel assassin.
Obsédé par cette annonce, Jesse va se réunir avec Derek et Anna pour tenter d’élucider le mystère des meurtres du 30 juillet 1994.
Un départ à la retraite retardé
Jesse, policier apprécié de tous, a décidé de partir à la retraite. Il souhaite poursuivre un projet personnel que personne ne connaît. Néanmoins, sa décision va être chamboulée lorsqu’il va rencontrer la journaliste Stephanie Mailer.
Cette femme annonce faire des recherches sur le meurtre de la famille du maire d’Ophea en juillet 1994. Elle dénonce, de source sûre, qu’un élément qui se trouvait juste sous leurs yeux n’a pas été repéré lors de l’enquête.
Piqué dans son élan, Jesse va être troublé par cette révélation. En creusant un peu plus cette histoire et en réouvrant l’enquête, Jesse va apprendre la disparition de Stephanie.
Un meurtre plein de surprises
Le meurtre de juillet 1994 est un mystère où le destin de plusieurs habitants d’Orphea se croisent. Ce 30 juillet 1994, c’est la grande première du festival de théâtre de la ville. Un grand moment pour les habitants. En effet, c’est un évènement dont tout le monde parle, où tous les habitants veulent assister.
Mais alors que le maire devrait se trouver sur place, à serrer des mains et à réaliser son discours, il est sauvagement assassiné chez lui avec sa femme et son fils. Parallèlement, près de la maison du maire est retrouvée Meghan Padalin, également assassinée le soir de cette Nuit Noire.
Qui donc souhaitait la mort du maire ? Pourquoi avoir assassiné toute sa famille ? Et pourquoi Meghan Padalin a-t-elle également été retrouvée morte alors qu’elle était sans lien direct avec le maire ?
Des personnages caractéristiques et attachants
Dicker nous mitraille de personnages, permettant ainsi de mieux noyer le poisson. Les rebondissements, les alibis et motifs de chacun d’entre eux… Parfois nous nous y perdons un petit peu, puis nous nous rendons rapidement compte que toute l’histoire est très réfléchie et parfaitement construite.
Tout d’abord, dans les personnages principaux de l’enquête, nous avons Jesse et Derek. Ce duo de policier a enquêté sur le meurtre en 1994 et se réunit pour nous mener, à travers de multiples flashbacks, dans les différentes pistes qu’ils ont suivi à l’époque des meurtres, et qu’ils suivent désormais depuis la réouverture de l’enquête.
Ensuite nous rencontrons Anna. Cette jeune policière, détestée de ses collègues car considérée comme favorisée par le maire, ne cessera de se battre pour faire ses preuves. Cette jeune femme vit avec un lourd secret qui fait d’elle un personnage très attachant.
Nous découvrons également Darla et Natacha. Ces deux femmes sont les compagnes respectives de Derek et Jesse. Nous découvrons rapidement le drame qui est caché derrière leur histoire, et nous arrache des larmes au passage, par ci par là.
Enfin nous avons tous les suspects :
- Samuel Padalin, le mari de Meghan Padalin assassinée la nuit du 30 juillet 1994 ;
- Ted Tennenbaum, l’homme incriminé des multiples meurtres lors de l’enquête en 1994 ;
- Michael Bird, le rédacteur en chef de l’Orphea Chronicle dans lequel Stephanie Mailer a brièvement travaillé ;
- Steven Bergdorf, le rédacteur en chef de la Revue des lettres new-yorkaises et ancien patron de Stephanie Mailer ;
- Meta Ostrovski, critique de la Revue des lettres new-yorkaises ;
- Kirk Harvey, ancien chef de la police d’Orphea devenu metteur en scène complètement barjo ;
Nous accompagnons également la famille Eden, avec Jerry et sa fille Dakota, qui se retrouvent malgré eux au milieu de la réouverture de cette enquête.
Une pièce de théâtre des plus mystérieuses
L’histoire est rythmée par le festival de théâtre, vingt ans après les meurtres, qui se réalise à Orphea. Le maire de la ville est bien embêté lorsque, à la suite de la réouverture de l’enquête et à la disparition de Stephanie, les habitants prennent peur et le festival est à deux doigts d’être annulé.
La situation est sauvée lorsque Kirk Harvey, ancien chef de la police de la ville, demande que la pièce de théâtre qu’il prépare depuis vingt ans soit jouée sur la scène pour l’ouverture du festival. A la clef, la découverte du réel assassin des multiples meurtres.
Le maire Brown n’a d’autre choix que d’accepter, espérant que cette décision permette notamment de sauver sa réélection aux municipales. Mais les grands questionnements sont les suivants : Comment Kirk Harvey peut-il savoir qui a tué le maire en 1994 ? Et pourquoi n’a-t-il rien dit jusqu’ici ?
La pièce fait parler d’elle, les médias sont en apnée, tout le monde souhaite savoir qui est le véritable assassin.
Mon avis sur l’œuvre
Je me souviens qu’à la sortie du livre en 2018, les avis étaient très mitigés. Beaucoup de lecteurs s’étaient plaints, n’avaient pas accroché. Il y a eu beaucoup de déception. De mon côté, j’ai (comme toujours) été séduite. Dicker m’a emportée dans son histoire, je m’y suis noyée et j’ai tenu en apnée pendant toute la semaine, cherchant chaque minute de liberté pour pouvoir avancer dans cette enquête. Ça, c’est une lecture qu’on n’oubliera pas.
Les personnages, même s’ils sont assez nombreux dans cette histoire, n’en restent pas moins attachants. C’est avec humour que Dicker nous présente son metteur en scène complètement fou, ou son critique littéraire arrogant. Nous sommes emmenés dans les différentes histoires des protagonistes, leurs expériences, leurs aventures. Ainsi, nous ne pouvons que nous y attacher.
L’écrivain sait nous mener en bateau, autant que ses personnages. Nous sommes secoués dans tous les sens, quand nous pensons avoir découvert la vérité, un doute nous assaille. J’ai été totalement absorbée par cette histoire.
Dicker a toujours su me convaincre. Il fait preuve d’une grande sensibilité qui se retrouve à travers ses personnages et qui fait de lui un très bon conteur.
Conclusion
Dicker est incontestablement un de mes écrivains favoris. Il présente toujours dans ses œuvres des personnages très attachants, des histoires très bien menées et dont les résolutions ont toujours parfaitement de sens.
La Disparition de Stephanie Mailer n’a pas du tout été une déception pour moi. Je n’ai pas ressenti de différence par rapport aux autres œuvres dont Dicker nous a régalés. Et au contraire, l’histoire a redonné du punch à mon coup de blues de confinement ! A lire et à relire sans modération.