L’Ancre des rêves, Gaëlle Nohant – 2017 – Ed. Le Livre de Poche, 331 p.
J’avais été extrêmement captivée par le roman La Part des flammes que Gaëlle Nohant paru en 2016 dans l’édition Le Livre de Poche. À la suite de la grande émotion que j’avais ressenti, j’ai sauté sur l’occasion d’acheter son premier roman : L’Ancre des rêves. Gaëlle Nohant éditera ce premier récit en 2007, soit neuf ans avant son second roman. Il fut très intéressant d’observer l’évolution de son écriture (même si, de ce fait, je l’ai réalisé dans le sens inverse puisque j’avais débuté avec son second ouvrage :D).
Résumé
Guérindel est catégorique : ses enfants ne s’approcheront pas de la mer. Ils n’ont donc jamais côtoyé les douceurs d’une vague le long de leurs chevilles, la sensation d’être transportés par le courant, le froid de la mer qui saisit leurs corps chauds. Elle ne souhaite pas que la malédiction qui touche sa famille depuis plus d’une décennie se perpétue à travers eux. De ce fait, ses enfants Benoît, Lunaire et Guinoux sont victimes de nombreux cauchemars tous liés à cet océan interdit. Comment les surmonter ? Identiques chaque nuit, comment peuvent-ils ainsi se répéter ? Comment les faire cesser ? C’est ce que Lunaire va tenter de découvrir en essayant de retrouver la trace d’un des hommes qui hantent ses nuits.
Mon avis sur l’œuvre
L’Ancre des rêves traite d’un sujet qui m’est cher : les cauchemars, la peur du sommeil. Peut-être en attendais-je un peu trop ? J’ai été (légèrement) déçue. Je ne pensais pas que l’on se retrouverait dans une histoire où le fil qui sépare le réel de l’imaginaire puisse être dépassé. Sur un fond complètement classique, nous retrouvons cette famille bretonne qui vit sa vie au large de la mer. Jusqu’ici rien de troublant. Mais c’est lorsque l’analyse des cauchemars des enfants débute (notamment celui de Lunaire, qui partira à la recherche des marins qui y apparaissent) que l’irréel s’installe.
Attention spoiler : Je ne sais pas si c’est une volonté de croire que les morts puissent contacter les vivants dans la « vraie vie » (un débat sur lequel je ne me lance pas). Mais les protagonistes des rêves de Lunaire sont en réalité, en partie, ses ancêtres (ce que l’on découvrira bien plus tard). Ces derniers se chargent d’apprendre à Lunaire la vérité sur ses ancêtres et sur les drames qui les ont frappés. C’est assez étrange d’être envoyé dans cette théorie à laquelle je ne m’attendais pas vraiment.
Fin spoiler : Une fois ma surprise passée, l’histoire a commencé à réellement m’intéresser. J’ai voulu découvrir avec Lunaire qui étaient ces personnes qui le terrorisaient dans ses cauchemars. Le dénouement de l’histoire a été convaincant et n’est pas allé dans le superflu.
J’ai ressenti une grande curiosité pour le métier de la mer. L’amour de ces marins pour l’océan est très bien retranscrit, et la fidélité qu’ils portent vis-à-vis de leur équipage et de leur bateau est saisissante. C’est un milieu très différent de ceux que nous pouvons côtoyer, avec des règles bien précises. Il est intéressant d’en apprendre plus à ce sujet.
Je me suis rapidement attachée aux personnages. Guérindel est une mère attachante qui souhaite protéger au mieux ses enfants mais qui crée, au contraire, un sentiment de tension dangereux ainsi qu’une obsession pour ses enfants. Les cauchemars, le désespoir des enfants face à des nuits interminables étaient très touchants. Gaëlle Nohant écrit très bien, son écriture est fluide et complète. Il est très agréable de se plonger dans son histoire.
Conclusion
Un grand changement s’est effectué, selon moi, entre L’Ancre des rêves et La Part des flammes. Ce dernier reste mon favori, car il a su me transporter dans une époque que j’aime particulièrement (XIXème siècle) et à travers un évènement qui 1° est historique, et 2° qui est original (pour rappel, La Part des flammes traite de l’incendie ravageur du Bazar de la Charité, le 4 mai 1897). J’attends donc avec impatience la sortie de son troisième roman… 😊