Le tailleur de Relizane, Olivia Elkaim – 2020 – Ed. Stock, 348 p.
20-34
La rentrée littéraire continue, et je suis en retard. Une bonne semaine s’est écoulée depuis que j’ai terminé la lecture de ce deuxième titre de sortie 2020, et je n’ai pas eu une seconde pour en rédiger un article. Mais ouf, ça y est, j’y suis, je peux démarrer.
J’ai craqué pour Le tailleur de Relizane car le livre était très beau ! Simple, blanche et bleue, la couverture de protection a tout de suite attiré mon attention. Et la lecture du résumé m’a bien emballée. Dans ce sixième roman, Olivia Elkaim retrace le parcours de son grand-père en 1962 pendant la guerre d’Algérie.µ
Résumé
En octobre 1958, à Relizane en Algérie, Marcel se fait enlever par un commando. Normalement, lorsque ce commando sévit, le kidnappé ne réapparait jamais. Pourtant, quelques jours plus tard, Marcel revient chez lui comme si de rien n’était. Dans l’obligation de garder le secret sur l’aventure qu’il vient de vivre, Marcel change et inquiète ses proches. Voici l’histoire du grand-père d’Olivia Elkaim.
Kidnapping en pleine guerre d’Algérie
Le contexte est sanglant. Marcel vit avec sa famille à Relizane, durant la guerre d’Algérie. Alors que les peuples se déchirent, que les parties s’opposent, les individus se massacrent pour semer la terreur. C’est dans cette terreur constante que nous sommes plongés.
Lorsque Marcel se fait kidnapper en 1958, il est persuadé que c’est la fin, qu’il va mourir dans les mains de ces terroristes. Sa femme le pense aussi, elle s’affole et se met à pleurer et à crier dans la rue, à demander de l’aide. Cette aide, elle ne l’obtiendra pas, les habitants sont trop effrayés par le danger.
Les terroristes sont sans cœur, et n’hésitent pas à assassiner des gens, à afficher leurs victimes décédées pour semer la terreur et montrer qu’ils sont forts, nombreux, et sans pitié. Alors Marcel les suit, un sac sur le visage, les mains liées. Il tente de retenir le chemin parcouru en voiture. Gauche, puis droite, puis droite, puis gauche ?!
Pourtant, il sera épargné. Un service rendu, un accord tacite, et il sera relâché. Mais il ne devra pas révéler ce qu’il s’est passé.
La vie post-kidnapping
Marcel revient oppressé de son aventure (qui, bien sûr, est racontée en détail dans le livre mais que je ne vais pas révéler 😊). Alors que sa femme, que ses frères lui posent des questions sur ce qu’il lui est arrivé, il reste muet, change de sujet.
Pour protéger sa famille, pour se protéger, il n’a d’autres choix que de conserver le secret. Et il réussira à le garder. En parallèle, la situation en Algérie ne cesse de se dégrader, les rues ne sont plus sûres, les enfants ne sont plus protégés.
C’est pourquoi, quelques années plus tard, Marcel décide de prendre l’avion avec sa famille et de rejoindre la France. Profondément français dans l’âme, ils espèrent trouver la sécurité sur ce territoire si différent de l’Algérie.
Mon avis sur l’œuvre
J’ai été très troublée par cet ouvrage car ce n’était pas du tout ce à quoi je m’attendais. Troublée et légèrement déçue. La quatrième de couverture nous donne l’eau à la bouche ! Un homme algérien, kidnappé, épargné, au sort hors du commun, un mystère (que s’est-il donc passé lors de ce kidnapping)… Un mélange bien attrayant, une sacrée aventure qui nous attend.
Pourtant, lorsque j’ai constaté que la partie du kidnapping se résolvait en moins de 100 pages, je me suis immédiatement dit : mais que va-t-il donc se passer dans les 250 pages restantes ? Un petit goût amer de « c’est tout ? » dans la bouche.
Ensuite, j’ai découvert toute une part d’histoire à laquelle je ne m’étais pas attendue. L’Algérie pendant la guerre civile, les exils d’algériens qui tentent de rejoindre la France, les difficultés d’accueil dans un pays étranger, les échanges multiples et incompréhensibles avec l’administration française… J’ai découvert une part de l’histoire à laquelle je n’avais jamais réellement eu l’occasion de m’intéresser.
Alors que j’ai ressenti une petite déception, j’ai malgré tout été séduite. Cette histoire ne ressemble certes pas à ce que j’imaginais, néanmoins elle a été fort intéressante et instructive. Cette immersion dans la famille de l’écrivaine, ce choc des cultures, cette découverte de secrets de famille… Olivia Elkaim m’a clairement transportée, et je trouve que c’est un très bon titre de la rentrée littéraire.
Conclusion
Le tailleur de Relizane est le second titre de la rentrée littéraire que je lis. Alors que la promotion de ce livre ne m’avait pas touchée (je n’en avais jamais entendu parler), j’ai été séduite par ce voyage à travers le temps dans la famille de l’écrivaine. Un sort hors du commun pour le grand-père de l’écrivaine qui traduit une époque déchirée par la guerre et le terrorisme. Une belle sortie pour cette année 2020.