Les derniers jours de nos pères, Joël Dicker – 2015 – Ed. de Fallois, 450 p.
20-05
Joël Dicker est un écrivain suisse qui a fait parler de lui, notamment avec le succès de son livre La Vérité sur l’affaire Harry Québert qui a reçu en 2012 le Grand prix du roman de l’Académie Française. Adapté en 2018, ce roman a placé Joël Dicker comme un incontournable de la littérature de notre décennie. Il subit la pression des avis négatifs qui ont émergés à la suite de la sortie de son dernier livre La Disparition de Stéphanie Mailer, qui n’a pas su charmer tous ses fans. En mars prochain, il nous régalera de son sixième ouvrage.
En attendant cette sortie, j’ai achevé son deuxième livre Les derniers jours de nos pères. Cette histoire, qui souhaite mettre en avant l’importance des services secrets britanniques dans les actes de résistance française lors de la Seconde Guerre mondiale, a été très émouvante et j’y ai retrouvé toutes les merveilleuses qualités de l’écrivain qu’est Dicker.
Résumé
Paul-Emile fait face à une décision difficile. Le Special Operation Executive (SOE), mis en place par Churchill en 1940, crée une branche de résistance pour saboter les actions d’Hitler dans les pays occupés par l’Allemagne. Le SOE souhaite recruter Paul-Emile. Le choix est complexe, soit Paul-Emile reste à Paris et reste avec son père, soit il accepte et part s’engager pour protéger son pays. Le cœur brisé par sa décision, il décide de rejoindre Londres et de participer aux entrainements avant d’être intégré comme agent spécial britannique dans des missions aux quatre coins de la France.
Mon avis sur l’œuvre
Paul-Emile, dit Pal (son nom de guerre), se retrouve à accepter de partir loin de son père pour protéger la France et saboter les actions des ennemis. La décision est difficile et le lien qui l’attache à son père est particulièrement émouvant. Avant de partir, Pal s’ouvre volontairement le torse pour se rappeler chaque jour la décision qu’il a prise. Alors qu’il s’engage et fait un choix des plus honorables, dans une situation de guerre insoutenable, il se déteste d’abandonner son père. Désormais, il n’aura plus le droit de le contacter, et encore moins de lui faire savoir où il est, ce qu’il fait. Son père prépare la valise de son fils, même pas âgé de vingt ans. Il y ajoute des livres, car c’est important de lire et de continuer de se cultiver. Et Pal quittera le foyer après des adieux déchirants. Il sait que son père n’aura plus de nouvelles de lui, le fils. Dicker nous mène souvent vers les pensées de ce père « abandonné », elles sont déchirantes. Nous observons la dégradation mentale de ce pauvre homme, obsédé par la sécurité et le retour de celui qu’il aime plus que tout au monde, son fils.
Pal se retrouve à Londres, où il sera mené dans quatre centres d’entraînements. Il apprendra à se battre, à saboter, à ruser, et surtout à conserver le secret. Il y rencontrera ses amis de guerre, ceux qui l’accompagneront jusqu’à la fin de cette aventure. Ceux qui n’ont pas le niveau et qui échouent aux épreuves sont supprimés du programme et enfermés afin de ne pas dévoiler les secrets de ce qui se prépare à Londres. Dans l’équipe des agents britanniques, nous rencontrerons Alain, dit le Gros, un homme très attachant et très seul, qui trouvera avec la guerre une raison ne plus être qu’un obèse inaccompli et non aimé ; Laura, la jeune femme dont la douceur fait tomber amoureux tous les agents mais qui vivra la plus belle histoire d’amour de sa vie avec Pal ; Faron, l’égocentrique dont la maturité évoluera radicalement au cours de l’histoire ; Claude, le prêtre, qui essaiera tant bien que mal d’allier sa dévotion à Dieu avec les crimes qu’il sera obligé de commettre pour protéger la France. Et bien plus de personnages encore. Tous, plus émouvants les uns que les autres, vont se consacrer un amour et une fidélité qui ressortent très souvent dans les écrits de Dicker et qui m’émeuvent énormément. Le dévouement de chacun vis-à-vis des différents membres est troublant, tous prennent soin les uns des autres. L’amour qu’ils se portent est inconditionnel, les épreuves communes qu’ils ont surmontées les ont liés pour toujours. Ils n’ont pas forcément besoin de parler pour se comprendre.
Les derniers jours de nos pères a été une histoire très enrichissante. Tout d’abord, Dicker est un des premiers à écrire sur cette branche des services secrets qui a été mise en place. L’aspect historique nous prend par les tripes, les mesures mises en place, toute l’organisation, les missions, la pression, le poids de la guerre… La résistance en France a été importante. Nombreux se sont engagés pour protéger le pays. Leur histoire doit être rappelée, ces soldats qui nous ont protégés en interne. Si cette histoire m’a autant émue, c’est aussi parce que mon grand-père s’est engagé à 16 ans dans la résistance française. Malgré qu’il n’eût pas l’âge d’y entrer, il s’est impliqué dans des missions de sabotages de voies de chemins de fer. Lorsque j’ai lu Les derniers jours de nos pères, c’est de la fierté que j’ai ressenti pour cet homme qui a mis sa vie en péril, par des actes de résistance dans un premier temps, puis en s’engageant dans l’armée, et qui faisait partie de ma famille.
Quittons cette parenthèse personnelle. Ces agents des services britanniques, de nationalité française, britannique, norvégienne et sûrement bien d’autres, sont des hommes courageux. Les personnages de l’histoire sont des inventions, mais leur parcours est celui de nombreux hommes et femmes qui ont fait preuve d’un courage exemplaire. Dicker a su nous plonger dans un récit historique, d’aventure, où l’amour a toujours sa place. Il est, à mes yeux, un grand écrivain contemporain et c’est avec plaisir que je vais suivre l’évolution de ses écrits au cours des prochaines années, voire décennies je l’espère.
Conclusion
Dicker est un écrivain puissant, qui a l’art de manipuler les sentiments de son lecteur. Les valeurs de fidélité, d’amour, de respect, qui ressortent dans ses écrits ont toujours réussi à m’émouvoir. A travers Les derniers jours de nos pères, il nous plonge dans un récit historique sur les actes de résistance des services secrets britanniques, et c’est avec émotion (et plusieurs larmes) que j’ai terminé ce livre. Malgré les avis qui divergent au sujet de cet écrivain, je suis complètement fan de son écriture et je le recommande.