L’été des charognes, Simon Johannin – Ed. Points, 158 p.
Simon Johannin est un jeune écrivain français. Son livre L’été des charognes est son premier roman et nous est présenté dans le cadre du Prix du Meilleur Roman des Lecteurs des Éditions Points. Mon coup de cœur n’a pas changé, et mon vote s’accroche à Désintégration d’Emmanuelle Richard. L’été des charognes est un livre à la fois puissant et atroce, complexe et déstabilisant. L’écriture poétique de Johannin m’a énormément transportée. Néanmoins, la cruauté face au monde animal m’a rapidement soulevé le cœur et a rendu ma lecture délicate et complexe.
Résumé
La Fourrière, c’est un endroit coupé du monde, en France. Le personnage principal nous raconte son enfance dans ce monde sauvage, hors-la-loi, où son père fermier élève et tue lui-même ses animaux pour les revendre ensuite à ses clients. A La Fourrière, la barbarie vis-à-vis des animaux est omniprésente. Les enfants sont livrés à eux-mêmes, adultes avant l’heure, plutôt déglingués, élevés par des parents alcooliques et parfois violents. L’amitié et la loyauté les guident dans ce monde cruel.
Mon avis sur l’œuvre
J’ai eu beaucoup de mal à rédiger cet article. Si bien que plus d’une semaine s’est écoulée depuis que j’ai achevé ma lecture. Je n’ai pas été emballée par cette histoire, par cette violence. Pourtant, elle traite d’un sujet fort, important, réel. La précarité tire ces individus dans une bulle hors du monde, hors de la civilisation. Le thème est important, nécessaire. Il rejoint un peu Désintégration d’Emmanuelle Richard, une histoire engagée qui souhaite raconter à l’extérieur ce qu’il se passe à l’intérieur. Mais je n’ai pas accroché suffisamment pour sentir le coup de cœur nécessaire.
Le livre s’ouvre sur une scène difficile, abominable, où le personnage principal piège un chien pour se venger de son maître qui avait tué son chat. A l’aide de son ami, à coups de pierres, ils l’assassinent. Leur satisfaction face à leur acte fait froid dans le dos. J’ai tout de suite senti que ce livre me gênerait, me mettrait mal à l’aise. Et j’avais raison, car la violence envers les animaux apparaît à de nombreuses reprises dans son récit. Face à cela, la précarité, des parents qui laissent leurs enfants livrés à eux-mêmes, faire leur propre loi entre eux… C’est une enfance constamment en danger qui s’ouvre à nous.
La deuxième partie du livre traite la tombée en enfer du personnage principal, qui a grandi et a quitté La Fourrière. Le personnage devient schizophrène, se sent poursuivi par un chien qui ne cesse de lui aboyer dans les oreilles et dont il n’arrive pas à se détacher. Ces passages sont forts et émouvants, le personnage principal tombe dans une routine infernale de « laisser aller » et sa souffrance nous prend aux tripes.
Simon Johannin est néanmoins un écrivain particulièrement talentueux. La poésie de ses phrases, de ses expressions, m’a sans aucun doute transportée. J’ai envie de découvrir les futures œuvres de cet écrivain qui a énormément de talent et qui doit être entendu. J’ai été bien plus émue par la beauté de sa poésie que par le récit en lui-même.
« Elle m’a traversée comme une cascade de lumière. »
« On reste à côté des cheminées à souffler sur les braises pour qu’on ait comme chaud au-dehors alors que le dedans est gelé d’incertitudes. »
Conclusion
Je n’ai pas été convaincue par le récit de Simon Johannin. Le sujet traité est fort, il est important d’ouvrir les yeux sur des situations si précaires qui se déroulent autour de nous. Mais il m’a manqué un petit quelque chose pour que le coup de foudre opère. L’écriture de l’auteur m’a tout de même beaucoup touchée et a attisé ma curiosité sur ses œuvres à venir.
-
17/12/2019 – Début de la lecture de L’été des charognes
-
20/12/2019 – Fin de la lecture de L’été des charognes