Lettres à sa fille, Colette – 2003 – Ed. Folio, 624 p.
Le 3 août 1954 s’éteignait un important personnage de la littérature française : Colette, de son prénom Sidonie-Gabrielle. Cette grande écrivaine, connue notamment pour ses ouvrages tels Le Blé en herbe ou Claudine à l’école, fut notamment Présidente de l’académie Goncourt en 1944.
Cette femme, puissant visage féminin français, laisse derrière elle son unique enfant, Colette de Jouvenel. Ce recueil réunit près de 650 courriers qui ont été triés et ordonnés par Anne de Jouvenel, la nièce de Jeune Colette.
Résumé
De 1916 à 1953, Colette échange avec sa fille par des courriers précieux. A compter des 3 ans de Jeune Colette, les correspondances ont en partie été très bien conservées par cette dernière. Elle les transmettra à sa nièce Anne afin qu’elle les publie une fois décédée. Ces lettres précieuses nous plongent dans les sentiments profonds de l’écrivaine, ses doutes et incertitudes, son amour pour sa fille unique (enfant parfois masculinisée avec l’usage de “Mon chéri”), ses épreuves notamment pendant la Seconde Guerre mondiale, la dégradation de sa santé… Des échanges précieux et émouvants.
Mon avis sur l’œuvre
Il est difficile de donner un avis sur ce type d’œuvre. Ce n’est pas un récit, pas un roman, mais simplement un témoignage de l’existence de cette personnalité importante qu’a été Colette. La lecture des lettres est fastidieuse, parfois “ennuyeuse”. Nous nous perdons rapidement dans les différentes connaissances de Colette, citées au fur et à mesure dans ses lettres. Néanmoins l’émotion est toujours présente. Cette importante figure de la littérature française nous livre ses secrets et émotions dans ce recueil de courriers, elle nous bascule à travers les aspects les plus privés de sa vie personnelle.
Avant de mourir, la jeune Colette transmet d’innombrables courriers qu’elle a échangés avec sa mère à sa nièce. Celle-ci avait pour mission de les faire publier, plus tard. Elle s’est plongée dans ces précieuses archives afin d’établir au mieux une chronologie dans les lettres (tâche tenace, compte tenu du fait que Colette ne datait presque jamais ses lettres). Ce travail fastidieux nous a permis d’obtenir un ouvrage sacré.
La jeune Colette le dira : on met toute une vie à sa remettre du fait que notre mère soit aussi célèbre. L’absence de Colette auprès de sa fille se fait ressentir. Toujours à distance car réalisant un nouveau livre, effectuant des conférences, s’entraînant en tant que comédienne, voire se lançant dans une activité commerciale, Colette sera peu présente pour sa fille. Pourtant, le lien qui les unit est fort, l’amour qu’elle se porte l’est d’autant plus. Colette reprochera souvent à sa fille, dans ses lettres, de ne pas être venue, de pas avoir écrit. Un sentiment de dépendance les rapproche.
Et puis la guerre ravagera les émotions. Toujours fières, l’une en zone libre, l’autre non, elles échangeront des courriers interzones. Ces lettres, pré-remplies, étaient les seules autorisées à être transmises à la famille entre les deux zones. Ces courriers présentaient des zones à trous qui étaient remplies par les expéditeurs du courrier. Lorsque les rédactions dépassaient l’espace d’écriture autorisé, les lettres étaient refusées par le service postal… Chaque courrier apporte du baume au cœur.
Colette terminera sa vie en continuant au mieux à être active. Elle effectuera des conférences jusque dans les dernières années de sa vie, et quittera le monde le 3 août 1954 à l’âge de 81 ans, après avoir enduré d’importantes douleurs dans la jambe pendant des années.
Conclusion
Ce recueil est complexe à lire car la lecture des lettres est fastidieuse et peut pousser parfois à l’envie de laisser tomber. Néanmoins, il nous permet de découvrir les aspects personnels de cette puissante femme française. Ce livre nous entraîne dans un précieux voyage à travers les pensées de Colette et est intellectuellement très enrichissant.