Liv Maria, Julia Kerninon – 2020 – Ed. Iconoclaste, 271 p.
★★★
20-41
J’ai découvert Julia Kerninon dans l’émission La Grande Librairie. Après une intervention très intéressante, je me suis empressée d’acheter son livre. J’ai rapidement compris que les avis étaient très mitigés. D’abord Lire Magazine Littéraire, qui le considère comme un des livres à ne surtout pas acheter, puis les avis des autres blogueurs. Parfois ça passe, parfois ça casse. C’est rarement un juste milieu. Plongeons donc dans ce livre qui attire bien des mystères.
Julia Kerninon est une écrivaine française. Elle a sorti ses deux premiers romans sous le pseudo Julia Kernino aux Editions Sarbacane. Sous son vrai nom, et par les Editions du Rouergue, elle a sorti quatre autres romans pour lesquels elle a été primée. En 2020, elle rejoint les Editions Iconoclaste et nous présente Liv Maria. L’histoire d’une jeune femme rongée par un secret enfoui ; l’histoire d’une reconstruction ; l’histoire d’une femme abusée.
Résumé
Liv Maria a dix-sept ans lorsqu’elle se fait attoucher sexuellement par un voisin dans sa voiture. Elle est trop jeune pour comprendre ce qui lui est arrivé. Elle sait que c’est grave mais elle ne s’en rend réellement compte que lorsqu’elle voit le regard horrifié de ses parents. Ils décident de l’envoyer à Berlin dans sa famille pour l’éloigner de ce drame. Elle y découvrira son premier amour : son professeur, bien plus âgé qu’elle. Une histoire brève, mais qui ne cessera de la poursuivre.
Un départ précipité
La famille de Liv Maria est des plus banales. Un père chaleureux, et une mère plutôt froide. Elle grandit heureuse dans son petit village, en écoutant les histoires nordistes de son père norvégien. Et puis un jour, alors qu’elle conduit sa voiture pour rentrer chez elle, elle propose à un voisin de monter et de le ramener.
Cet homme va user de la naïveté, de la gentillesse de cette jeune adolescente pour l’attoucher pendant qu’elle conduit. Liv Maria comprend que quelque chose ne va pas, que ce qui lui arrive est grave, mais trop jeune pour comprendre elle ne saisit pas la portée de ce qui lui arrive. Elle continue de conduire jusqu’à ce qu’elle arrive en sécurité chez elle.
Lorsqu’elle va débarquer paniquée chez ses parents, qu’elle va tout leur expliquer, elle va réaliser l’atrocité de ce qui lui est arrivé. Face à ce drame, Liv Maria va être envoyée dans sa famille à Berlin. L’affaire va être ainsi étouffée, réduite au silence.
Une histoire d’amour interdite
Liv Maria va être de nouveau victime de sa jeunesse et vulnérabilité. Un abus plus doux, sur fond d’amour et de tendresse. Son professeur à Berlin la prendra pour maîtresse. Marié, père de famille, Fergus est à Berlin en remplacement pour les vacances. Le temps d’un été, il fera découvrir à Liv Maria l’« amour ».
Car Liv Maria découvre tout de l’amour. Les sentiments qui découlent de cette découverte sont forts comme les sentiments d’un premier amour, décuplés. L’euphorie du bonheur la pousse dans les bras d’un homme qui ne devrait pas s’autoriser de relation avec elle.
L’amour interdit, celui d’un adulte avec une jeune fille. Liv Maria ne comprendra que bien plus tard l’interdit qu’elle a bravé. Une relation qui, pour elle, était de l’amour. Mais peut-on réellement parler d’amour ?
Le hasard fait-il bien les choses ?
Alors que son professeur et amant quitte Berlin, Liv Maria se retrouve seule à espérer une lettre de lui. Il le lui avait pourtant promis. Rien ne vient. Effondrée, elle décide de quitter Berlin et de partir. Elle part en Amérique du Sud, se retrouve en société avec un type qui ne semble pas lui convenir, jusqu’au jour où elle rencontre Flynn.
Le coup de foudre, les évènements s’enchaînent, elle tombe enceinte et se marie très rapidement. Heureux, amoureux, ils retournent en Irlande. Liv Maria y rencontrera la mère de Flynn.
Le choc sera immense. Lorsque Liv Maria entrera dans la maison de sa belle-mère et qu’elle verra les photos autour d’elle, elle comprendra rapidement. Cette maison, c’est celle de Fergus. La femme face à elle, c’est l’épouse trompée. Et son mari, c’est le fils dont elle se préoccupait peu lorsqu’elle vivait sa plus intense relation avec son premier amour.
Ce secret, elle va le garder au fond de son esprit, ne le dévoilant pas à son mari, quelles qu’en soient les conséquences…
Mon avis sur l’œuvre
Je suis mitigée sur ce roman. Je l’ai trouvé intéressant, mais je n’ai ni adoré, ni détesté. Le style de l’écrivaine est doux, parfois cru, mais puissant. L’histoire est intense et porte un message fort. Néanmoins cette histoire perd un peu de sa réalité et je trouve ça dommage (Liv Maria, de tous les hommes qu’elle rencontre durant ses voyages à travers le monde, se retrouve mariée au fils de son amant sans le savoir ? Hm…).
Le point important de cette histoire, c’est l’abus de la vulnérabilité d’une jeune fille et jeune femme. D’abord lorsque Liv Maria se fait violenter dans sa voiture, mais ensuite lorsque son professeur s’autorise avec elle une relation interdite. Elle est frappée par l’insouciance, dans ce moment où elle ne croit qu’au bien de ce qui se produit.
Liv Maria représente les jeunes filles abusées et perdues, et qui doivent apprendre à vivre avec leurs plus profonds secrets. Et parfois, ces secrets les rattrapent. C’est ce que vit Liv Maria, lorsqu’elle se retrouve étonnamment mariée au fils de son amant, sans le savoir.
Je pense que l’écrivaine a de beaux messages à nous faire parvenir. Ce que je regrette, c’est la brièveté avec laquelle elle parcourt les sujets. C’est comme si nous les frôlions. J’aurais peut-être aimé que ça dure plus longtemps…
Conclusion
J’ai adoré l’intervention de Julia Kerninon dans La Grande Librairie. Je trouve l’écrivaine et ses propos passionnants. Liv Maria est le premier roman d’elle que je lis. J’ai bien aimé, mais sans plus. Les sujets qu’elle aborde sont importants et je pense que l’écrivaine a en elle de nombreux messages qu’elle souhaiterait nous faire passer. Les avis sont mitigés, soit on aime, soit on n’aime pas. J’aime me démarquer, alors je dirais que j’ai aimé sans emballement !