Rebecca, Daphné du Maurier – 1938 – Ed. Le Livre de Poche, 633 p.
20-33
Bon, il est vrai, j’ai pris du retard. A tel point que Rebecca, ce chef d’œuvre, je l’ai commencé au bord de la mer en vacances pendant le mois d’août… J’ai privilégié les articles associés à la sortie littéraire 2020, mais il faut bien que je rédige aussi sur ceux qui n’en font pas partie. Et d’ailleurs, je viens de terminer Fille de Camille Laurens, j’ai adoré, j’essaie de vous en parler rapidement.
Daphné du Maurier est une écrivaine britannique née au début du XXème siècle. Rebecca est considéré comme son chef d’œuvre et a été adapté cinématographiquement (comme deux autres de ses écrits) par Alfred Hitchcock.
C’est l’histoire d’une relation impulsive, malsaine, qui rapproche deux êtres qui ne se connaissent pas vraiment. Comme quoi, il ne faut jamais se fier aux apparences…
Résumé
Alors que la narratrice, demoiselle de compagnie de Mme Van Hopper, se trouve à Monte-Carlo, elle rencontre Maximilien de Winter. Cet homme, plus âgé, est veuf depuis quelques mois. Alors qu’il cherche à oublier sa défunte femme, Rebecca, il demande en mariage celle qui va devenir la future Madame de Winter. Ensemble, ils retourneront à Manderley, cette splendide demeure appartenant à Monsieur de Winter et qui conserve bien des secrets…
Une rencontre à Monte-Carlo
Dans cette histoire, peut-on parler de romance ?
La narratrice se trouve à Monte-Carlo avec Madame Van Hopper dont elle est la dame de compagnie. Alors que cette dernière, avide de scandales, rencontre dans l’hôtel où elle réside Monsieur de Winter, veuf depuis peu, elle décide de tenter une approche. Malgré toute l’énergie qu’elle dépense et les subterfuges qu’elle met en oeuvre, sa tentative de rapprochement restera vaine.
Néanmoins, derrière Madame Van Hopper se cache la narratrice, une jeune femme discrète et timide, la dame de compagnie. Monsieur de Winter ne sera pas insensible à son charme. C’est à son tour de tenter une approche mais qui, elle, sera fructueuse.
Après quelques rendez-vous, une histoire se crée entre les deux personnages, et Maximilien de Winter la demande en mariage. Demande acceptée, ils se marient aussi rapidement qu’ils se sont rencontrés.
Derrière Monsieur de Winter se cache l’ombre de Rebecca, sa défunte femme. C’est qu’ils formaient un couple parfait ces deux-là. Elle était belle, gracieuse, savait gérer une maison. Elle était dans son élément à Manderley. Tout le monde l’adorait.
L’ombre de Rebecca
Alors que la narratrice est hantée dès le début de sa relation par l’ombre de Rebecca, elle ne cesse de percevoir tout ce que cette femme de bonne condition avait qu’elle n’a pas. Choisie pour combler un vide, celui créé par le veuvage de Monsieur de Winter, la nouvelle Madame de Winter n’est pas à l’aise à Manderley.
La narratrice vit ce que tout rêveur souhaite vivre. Jeune fille peu riche, dame de compagnie de l’étrange Madame Van Hopper, elle se retrouve presque du jour au lendemain la femme d’un homme riche. Alors qu’elle possédait si peu, elle va se retrouver propriétaire d’une grande demeure, qu’elle va diriger, accompagnée de gouvernantes, dont la glaçante Madame Danvers.
Ce changement de milieu est complexe, difficile à appréhender pour la narratrice. Tout d’abord parce qu’elle n’a pas eu l’habitude de posséder, mais également parce que la défunte Rebecca ne cessera d’occuper ses pensées. Alors qu’elle écrit sur son papier à lettre, s’assoie sur son fauteuil, caresse son chien, elle ne peut s’empêcher de l’imaginer à sa place quelques mois auparavant.
Il faut dire que Maxim n’aide pas vraiment à l’intégration de sa nouvelle femme dans son milieu. Ses réactions et réflexions à son égard, à première vue blessantes, sont le reflet d’un secret difficilement conservé.
Une soirée catastrophique
Madame Danvers, la gouvernante, prend rapidement la nouvelle Madame de Winter en grippe. Ayant été la gouvernante de Rebecca depuis sa plus jeune enfance, l’attachement qu’elle lui porte est sans failles et elle peine à lui dire au revoir. C’est pourquoi, lorsqu’apparaît la nouvelle femme de Maxim, elle ne peut s’empêcher de lui reprocher d’essayer de prendre sa place.
Mais sa vengeance va être amère. En effet, alors que Madame de Winter organise une soirée déguisée dans sa belle demeure (en hommage aux belles soirées réalisées à Manderley à l’époque de Rebecca), elle décide de choisir un costume sous les conseils de Madame Danvers. Et toi lecteur, ta seule envie est de crier “mais non, tu vois bien qu’elle te tend un piège !”. Oui lecteur, tu le sens venir ce piège. Tu ne le sais pas, mais tu le sens gros comme une maison.
Et tu ne te trompes pas. Cette tenue, c’était le costume que portait Rebecca lors de son dernier bal costumé. Ce piège, dans lequel la narratrice tombe la tête la première, sera l’élément déclencheur. Maxim se décidera enfin à dévoiler le secret qui le ronge.
Mon avis sur l’œuvre
Rebecca est une œuvre qui nous plonge dans un idéal malaisant. Idéal, car nous assistons à la montée en puissance d’une fille de pauvre condition qui va devenir la femme d’un homme riche. Mais dès le début de l’histoire, un sentiment de malaise nous prend.
L’attitude de Monsieur de Winter vis-à-vis de la narratrice est spécial, absente de tout réel sentiment amoureux. Alors que la narratrice s’amourache de cet homme, qu’elle souhaite devenir une parfaite épouse, elle fait face aux sautes d’humeur (parfois incompréhensibles) de son mari. Il faut dire que cet homme garde un sacré secret…
Le traitement psychologique des personnages de l’œuvre est très intéressant. Daphné du Maurier joue sur les sous-entendus qui pourraient nous mener à comprendre le secret de l’intrigue, mais nous nous faisons avoir par le bout du nez (enfin, moi en tout cas…). Car nous le savons rapidement qu’il y a quelque chose qui cloche, mais lorsque le voile tombe, ce “Oh ? Mais non !” qui se forme dans notre esprit est délicieux.
Conclusion
J’avais connaissance du fait que Rebecca était un très beau classique de la littérature anglaise. Et sans surprise, j’ai été conquise. Bien que l’histoire ait, à mon goût, mis un peu de temps à démarrer, j’ai adoré traverser le monde de cette jeune femme. Un amour malsain qui se révéle être un bel exemple de dévotion.